Epé Ekpé
Pour les Guin, tribu originaire de la confédération Ashanti du Ghana qui s’est installée au nord d’Aného au 17è siècle, le mois de septembre marque le début de la nouvelle année avec la cérémonie de Ekpessosso ou Epé-Ekpé.
Le peuple Mina est essentiellement composé des “Adjigo”
Epé-Ekpé est l’ensemble des cérémonies pour rentrer dans la nouvelle année chez le peuple Guin-Mina, et se passe à Glidji-Kpodji ; la cité sacrée du peuple Guin. Elle est située à 50 km de Lomé, la capitale togolaise.
C’est l’occasion pour tous les fils du pays, en provenance du Bénin et du Ghana, de se retrouver pour célébrer la fête traditionnelle de Ekpessosso ou cérémonie de la pierre. Le cœur de la cérémonie est la prise de la « pierre sacrée » dans la forêt sacrée. Cette pierre marque le passage de l’ancienne à la nouvelle année. La couleur de la pierre détermine la nature de ce nouveau cycle de 365 jours.
• La couleur Blanche symbolise une très bonne année,
• La couleur Bleue, une bonne année,
• La couleur Rouge, une année de tous les dangers, et
• La couleur Noire annonce la famine et la sécheresse.
Les chefs spirituels se chargent néanmoins par leurs cérémonies d’atténuer ces mauvais augures.
Epé-Ekpé est avant tout, l’occasion de rassembler et de consolider l’union sur la base de l’appartenance à une même culture, aux mêmes divinités et aux mêmes ancêtres. C’est cette cérémonie qui donne « le ton » de l’année à venir. Elle assure le bien-être du peuple par des prières aux dieux qui se manifestent symboliquement à travers une pierre précieuse.
Son autre fonction est de demander la faveur et la bénédiction des morts en leur offrant des sacrifices et des dons ; elle garantit la cohésion entre les ancêtres divinités et le peuple et contribue à maintenir l’ordre ancestral et à respecter la volonté des dieux en incitant le peuple à suivre les règles établies au cours des rites.
Son but est de lier cet ensemble d’individus qui pratiquent les mêmes conditions de vie matérielles, religieuses, sociales, politiques, économiques ; ce qui fait le bon fonctionnement du groupe.
C’est la joie de se retrouver en famille qui est la plus grande : les parents qui ont quitté le pays pendant longtemps reviennent au bercail. On profite pour présenter les membres de la famille qui ne se connaissent pas. Le but de tout ceci est de souder les liens familiaux, afin que tout le monde se connaisse.
En pays Guin, c’est au total, quarante-et-une (41) divinités qui concourent à la préparation de la cérémonie de la prise de la pierre sacrée. Dans cette panoplie, trois (3) voire quatre (4) divinités donnent le ton. Il s’agit donc de la divinité Na-Bosromafli, Togbé Lankpan, Ata Sakuma et Maman Kolé.
Ainsi donc, très tôt dans le mois de mai de chaque année, les prêtres Hounon des divinités Lankpan, Kpéssou, Ata Sakuma et Maman Kolé se retrouvent à huis clos. Cette concertation leur permet de déterminer la date exacte de la prise de la pierre sacrée, ceci conformément au décompte du calendrier lunaire qui est la 13ème lunaison à partir de celle apparue durant la fête de l’année en cours.
Juste après la prise de la pierre sacrée trois (3) à quatre (4) jours, on aperçoit le 1er quartier de la lune et cinq (5), huit (8) voire dix (10) jours après ; ce premier quart de lune est entièrement visible et constitue pour nous, la 13ème lune en même temps la 1ère lunaire à partir de laquelle on recommence à compter (C’est pourquoi nous acclamons Woétri woéton mu so loo !).
Après avoir arrêté d’un commun accord la date, ces prêtres Hounon se retrouvent en conseil avec les dignitaires (les Rois Gê) sous la présidence effective de sa Majesté Gê Fioga, Roi traditionnel du Peuple Gê en vue de confirmer et d’entériner la date arrêtée.
La date fixée, il revient au quartier Kpodji-Komé communément appelé Kpékomé à Dégbénou-Aného de préparer un nombre d’ékpés (grains de maïs) servant au décompte des jours restants jusqu’au jeudi de l’apothéose. La marge est de vingt-et-un (21) jours.
Ceci étant, le prêtre Hounon Lankpan annonce la couleur de la cérémonie de la prise de la pierre sacrée par l’observation des abstinences, interdictions des activités traditionnelles telles que : funérailles avec coups de salves, tam-tam, etc… uniquement observées à Djamadji Aného et à Glidji-Kpodji et des environs immédiats. En principe, les Gê doivent observer cette période de carême pendant trois (3) mois.
Il sera ensuite relayé par le prêtre de la divinité Na-Bosromafli dans les rituels d’invocation de paix et de bonheur par aspersion sur le peuple Gê en particulier et tout le peuple togolais en général.
Le prêtre Lankpan revient à la charge pour la préparation matérielle et spirituelle des voies appelées Montata. Cette cérémonie est simultanément observée à Glidji-Kpodji. Celles-ci sont suivies de cérémonie de purification et de réconciliation par ablution et aspersion.
Il appartient alors au quartier Kpékomé d’envoyer les ékpés (grains de maïs) à Glidji.
Par ailleurs, les prêtres des quarante-et-une divinités se retrouvent en Assemblée générale dans la forêt sacrée. L’ordre du jour essentiel de cette rencontre consiste à la communication de la date de la pierre sacrée et la distribution des ékpés (grains de maïs) appelée Kpémama.
En sa qualité de garant des us et coutumes, Sa Majesté Gê Fioga fait porter à la connaissance du peuple Gê, le déroulement de la cérémonie de la prise de la pierre sacrée, autrement dit le programme de la manifestation de Epé Ekpé.
Très tôt à zéro heure de ce jeudi-là, la grande cérémonie commence par Avéfonfon (l’éveil de la forêt sacrée). Tout se passe dans la forêt sacrée à Glidji-Kpodji là où plusieurs cérémonies préliminaires au bon déroulement de la fête traditionnelle des Gês sont exécutées.
La préparation mythique est du ressort de la divinité Sakuma. Ainsi le Grand prêtre Sakuma (aujourd’hui Ata Sakuma), gardien de la forêt sacrée de Glidji Kpodji procède à la recherche spirituelle, en différents lieux de la forêt, de la pierre sacrée. Croyez-moi, ce n’est pas une mince affaire. Il faut des mois durant pour se préparer et être en état de pureté sans faille.
Après avoir trouvé la pierre sacrée, le Grand prêtre Sakuma la ramène en un lieu spécifique où tous les autres prêtres l’attendent. Faisant un rond autour de la pierre sacrée, c’est l’occasion aux prêtres de chaque divinité de prononcer sa prière. Cette cérémonie terminée, la pierre sacrée est remise à l’un des adeptes Kolé choisi par l’oracle « Fa ».
Mais avant l’apparition de la pierre sacrée, une représentativité des prêtres Hounon des divinités confondues viennent devant la tribune. Ces prêtres désignés consacrent quelques minutes pour la prière de circonstance et regagnent aussitôt la forêt après la cérémonie de circonstance.
Le moment tant attendu est arrivé pour la sortir.
Tenez-vous bien, lorsque subitement vous entendez- le slogan : Hééélou looooo !, à trois (3) reprises, la sortie de la pierre sacrée est annoncée. Ainsi la pierre sacrée dans les mains de l’initié de ce jour-là, précédemment choisit par l’oracle « Fa » encadré et soutenu par plusieurs adeptes fait son apparition. Le cortège est donc ovationné par le slogan « Héélou lo, Héélou lo » et des intermèdes de chants.
Dans un rythme de pas de caméléon, toujours ovationné par Héélou loo, lentement mais sûrement, le cortège arrive devant le grand public. La pierre sacrée est ainsi officiellement présentée aux autorités, au public et à toute la population.
Quelques minutes après, la pierre sacrée retourne à la forêt sacrée et confiée au grand prêtre Sakuma.
Pendant ce temps, le message de la pierre sacrée est porté à la connaissance des autorités, du public et de la population. Ceci met fin uniquement à la cérémonie de la prise de la pierre sacrée ».
« helou » : veut dire attention ou malheur, malheur à ceux qui ne veulent pas du bien au peuple Guen-Mina
Phase de déroulement des cérémonies
Les cérémonies commencent par :
- Sedodo;
- Situtu ;
- Bliku-Mama;
- Kpessosso : qui est la prise de la pierre sacrée, le point culminant des cérémonies;
- Nloli-Yoyo ;
- Yaka-Oken ;
- Nloewa Nana ;
- Esidudu et se termine par
- Vodou dze apu.
SEDODO
C’est encore « Edodémouléo », décret des interdits. Les interdits constituent les préliminaires à la cérémonie traditionnelle de « Epé-Ekpé »
A partir du jour du décret des interdits, personne n’a le droit de faire du bruit, de jouer du tambour, d’enterrer à coups de salves et de chants funèbres, de pleurer les morts. Les familles éprouvées ne doivent pas pleurer. Les condoléances s’expriment en ces termes:” Do de mu le o” d’où «Edodémouléo »
Ces interdictions durent jusqu’au dernier quartier du treizième mois lunaire, souvent en septembre. Toute notre société est donc contrainte à respecter ces interdits car celui qui viole un de ces derniers, commet un péché qui le sépare de la société et doit s’attendre à de graves conséquences.
Ce rite de “SEDODO’ est d’une importance capitale dans la cérémonie de Epé-Ekpé ; ceci pour plusieurs raisons : il nivelle la société, fait disparaître durant une certaine période les différences sociales (sources fréquentes de désunion).
Le silence et les privations permettent aussi de mieux apprécier le retour des roulements de tambour et les réjouissances.
SITUTU
C’est l’aspersion d’eau. Cette phase du rituelle de la cérémonie de « Epé-Ekpé » a lieu environ quatre semaines avant celle de « Kpessosso ». Tous les prêtres et les dignitaires se retrouvent et c’est le prêtre le plus âgé qui procède au « Situtu ». Les officiants préparent les boissons : GIN, SODABI (alcool local) et LIHA (boisson à base de sorgho) et une calebasse d’eau. Après une longue invocation aux ancêtres, le prête le plus âgé soulève la calebasse d’eau, prend ce liquide dans sa bouche et asperge trois fois le sol de gorgées d’eau.
Dans son invocation le prêtre sollicite les dieux pour veiller sur la bonne marche des fêtes de “Epé-Ekpé” ; les invitant à venir aider à la paix et à la réconciliation de tout le peuple Guin-Mina.
L’invocation terminée, l’assistance s’approche du récipient plein d’eau, touche la surface d’eau préparée pour la circonstance de ses mains, boit et l’applique au front et à la poitrine en signe de bénédiction et de paix. Puis chaque « hounon » projette une giclée sur le sol.
Situtu est un symbole d’union entre les vivants, comme entre les vivants et les ancêtres, et constitue un élément de la plupart des rites de purification, de régénération, de retour à l’ordre et d’annulation des règlements passés. Boire à la même calebasse signifie pour deux ennemis l’oubli de leurs différends antérieurs.
NB: Situtu se passe dans le couvent de “TOGBE LAKPAN” le Dieu du clan “La” à Aného.
BLIKU-MAMA
C’est le compte à rebours. Le lendemain de « situtu » les chefs religieux et lignagers se réunissent à nouveau ; cette fois pour les rites de « Bliku-Mama ». Cette assemblée fixe définitivement le calendrier de la cérémonie « Kpessosso ».
On apporte un récipient contenant des grains de maïs au prêtre chargé de diriger la cérémonie. Il met de côté un nombre de grains égal au nombre de jours devant s’écouler jusqu’à cette date. Il envoie ensuite un tas identique, au roi, aux chefs des quartiers et à l’intention des autorités politiques.
Les chefs politiques et royaux comptent les grains et apprennent ainsi combien de jours séparent cette date de celle de rite principal de « Kpessosso ». Ainsi avertis, ils envoient aussitôt des présents à l’assemblé des « hounon ». La réunion se termine tard dans la nuit.
Le Bliku-Mama concrétise la volonté du peuple Guin de communiquer et de compter. Ce système de comptabilité rural et ancestral est maintenu dans la cérémonie en dépit des influences occidentales.
KPESSOSSO
C’est la prise de la pierre sacrée. C’est toujours un jeudi. On note pour cette journée trois grandes étapes : Tchessi dodo, Motata et Kpessosso.
- Tchessi dodo
Tôt le matin tous les “hounon”et leur suite se retrouvent devant leurs différents temples pour la préparation de l’eau qui servira à purifier les vodussi (les adeptes vodu) avant Kpessosso. Cette eau est préparée avec “Anyanyran“, “gbo“, “amaga“, de l’eau spéciale salée appelée Kolé, de gouttes de Gin, de “sodabi“, de “liha” et de l’eau de “gbaga” provenant de la lagune du village.
Tous ces éléments sont mis dans un récipient de bois. Le hounon invoque les vodou pour qu’ils apportent la paix et la prospérité et qu’ils éloignent le mal.
La préparation terminée, les autres “hounon” et quelques initiés étendent leurs mains au-dessus du récipient, les baignant dans le liquide, paumes, puis le dos de la main successivement trois fois. Puisant ensuite de ce liquide dans les creux de la main, ils en boivent une gorgée en faisant gicler le reste.
- Motata
C’est le débroussaillement de la voie. Vers quatorze heures le peuple est à nouveau prêt pour l’événement annuel. Cette heure capitale est annoncée par l’arrivée des divinités officielles, les chefs Guin-Mina. C’est un rite qui reste très secret et réservé uniquement aux “hounon” et à certains initiés.
Le chemin qui mène à la forêt, n’est balayé qu’une fois par an. Les herbes et les arbustes ayant poussé depuis la dernière cérémonie sont dégagés par les initiés. La voie dégagée, personne n’a le droit d’y pénétrer à part les hounon et les initiés. Les fidèles restent, leurs chants et leurs danses se succèdent, entrecoupés par les cris « helou » des initiés hurlant et gesticulant. La foule s’impatiente et les vodussi entrent en transe. Tout le monde ignore la couleur de pierre.
- Kpessosso
Vers seize heures trente, un mouvement se dessine en provenance de l’allée des taillis et un groupe compact de « hounon » et les «vodussi» avance à pas lents sous les acclamations de la foule : le moment tant attendu est venu. La pierre sacrée est sortie de la forêt. Elle sera ensuite présentée à l’assistance, et commentée par un « hounon ». Ensuite viendront les recommandations de la pierre pour la nouvelle année.
Enfin la pierre sera déposée et les religieuses (vodussi) danseront en faisant la ronde. La pierre disparaît d’elle-même et on ne la verra qu’à la treizième lune prochaine.
NLOLI-YOYO
C’est l’invocation des morts. Le vendredi qui suit le jeudi de la prise de la pierre sacrée, est réservée à l’invocation des morts. C’est un rite d’unité qui se déroule dans les différents clans Guen-Mina.
« Nloli » signifie revenant.
Ce vendredi toute la jeunesse se répand dans les rues dès la tombée du jour, chantant, criant, soufflant dans les cornes tapant sur tout ce qui est sonore. On s’amuse, on danse, on organise de petites sorties dans les rues en chantant des airs en l’honneur des morts. Des bals se déroulent sur les places publiques, dans les maisons ; on organise des séances de tambours.
Pour chaque clan le lieu de la cérémonie de « Nloli Yoyo » est la maison ancestrale ou « Yohomé ». Le « Yoyomé » est le foyer, la souche d’où sont issus les membres du clan. Là sont enterrés quelques ancêtres avec leurs objets personnels.
Le « Yohomé » est une demeure permanente, c’est dans ce lieu qu’on les invoque et qu’on leur fait des offrandes.
Dans un coin du « Yohomé » près du mur, sont érigées de petites mottes d’argile concrétisant l’âme des ancêtres. Dans cette case, le chef de famille, invite les morts à écouter les prières qui leurs seront adressées, ainsi que les promesses qui leur seront faites afin qu’ils s’acquittent de toutes leurs obligations familiales durant le nouvel an. Les membres de la famille se réunissent autour du chef de famille dans le « Yohomé » pour la veillée nommée « aha dodo ho » c’est-à-dire le dépôt des boissons. Afin on allume des lampes pour les morts.
YAKA OKEN
C’est un repas d’unité
Ce n’est seulement qu’après les offrandes aux morts que les vivants peuvent prendre part au festin. Toute la soirée de ce samedi est consacrée à ce repas pris en commun. «Yaka-Oken» signifie prendre n’importe comment, négligemment » (c’est un repas à base de «Yêke-yêke» que l’on mange négligemment afin d’en répandre par terre et toute personne qui passe après ce repas, « à travers la nourriture » tombée sur sol, est considérée comme preneuse du repas ; à l’heure de ce rituel, toute personne qui entre dans la maison est conviée aussitôt à la manifestation : « il peut plonger la main dans l’assiette ! Tout ce qui est tombé est sacrifié aux « vodou ».
NLOWEA-NAGBE
C’est le jour de la présentation des vœux.
Le dimanche de la cérémonie de « Kpessosso » prend autre tournure ; l’aube de ce jour salue l’avènement de la nouvelle année et se désigne sous le nom de « nlowoa nagbé » jour de présentation des souhaits de bonne année. Tout le monde s’endimanche : les femmes se parent de bijoux et de beaux pagnes.
Donner le « nlowoa » à quelqu’un, c’est souhaiter qu’il échappe à tous les malheurs imaginables et que le bonheur soit avec lui. C’est le jour où deux parents ou voisins opposés par un différend sont tenus de se réconcilier et, si possible, de manger et de boire ensemble.
Donner le « nloewoa » c’est donner l’amour, c’est le jour du pardon, de l’oubli, des bons vœux. Ce jour est réservé aux politesses ; les Guen-mina se rendent chez leurs parents, amis ou alliés pour présenter leurs vœux. On délègue des personnes qui vont de maison en maison, de famille en famille, porter de vive voix la paix, la réconciliation, les vœux et les souhaits les plus fraternels d’une bonne et heureuse année.
Le «nlowoa» se formule en ces termes : « Bonne année, je vous la souhaite ainsi, longue vie ; que le mal vous épargne, que le bien vous comble sur la terre ; que les enfants vivent pour que les parents aient la paix et que la vérité gagne ! Que la paix règne sur la terre, que personne ne nous veuille du mal ! Que le mal s’éloigne, que le bien descende ! »
Ainsi formule-t-on les vœux et ce rite occupe les deux journées du dimanche et du lundi. C’est également ce même dimanche que l’on procède à la dégustation de la tête du bélier « agbota gbangban » et que l’on termine les restes du repas de la veille. C’est ce dimanche que les grandes invitations familiales sont organisées ; les cœurs débordent de joie et de liesse. Ceux qui n’ont pas pu se rendre en visite la veille le font ce jour-là. C’est le jour des enfants ; par groupes, ils vont de maison en maison pour souhaiter bonheur et longue vie (on leur donne divers cadeaux, gâteaux et petites monnaies).
Apprendre à donner NLOWA :
Nlowoa,
Nlowoa,
Ewla miwla,
Afi nakpê,
Mikpê Nana,
Akpê bobobo.
Evoê né to dji,
Enyoê né va anyigban,
Ahun né tu
Edji né dja
Agblé nukuo né wo
Djidjio né dji,
Madji madjio né dji,
Téti né no agbé
Téka ne vu blé
Mia yo Ako bé Ako.
Mia yo novi be novi,
Dévio do Akpé, miatschan mido.
Nuké mikpo Epé déa méa Mim’gba kpo yéké Epé kéa méo
Mia coto ? Mia coto ? Mia coto !
ESIDUDU
C’est la danse guerrière. Le mardi qui suit “Kpessosso” commencent les manifestations claniques. Chez nous qui sommes du clan “Tougban” c’est “Essidudu“
Après les libations aux divinités commence la danse guerrière. Elle est accompagnée de chants sacrés qu’on ne peut exécuter en toute autre occasion. C’est un initié qui bat le tambour sacré. L’ensemble des initiés devant exécuter la danse guerrière autour du village. Ceci en rappel de l’exode du peuple Guen et le rôle joué par le tambour sacré. Ce rappel guerrier dure toute la soirée du mardi.
On note également d’autres manifestations claniques comme “Kpantcho-tcho“, chez le clan ” La “.
VUDU-DZE-APU
C’est le retour des dieux à la mer.
Trois mois après le «Essidudu», il y a une dernière cérémonie qui clôture le « Epe-Ekpe ». Elle se déroule en décembre. La date est choisie par les ancêtres ; elle a toujours lieu un jeudi et se déroule également durant trois jours.
En début de semaine, les Guen-Mina se hâtent vers Glidji-kpodji ; tous les initiés se rendent à la ville sainte, certains passeront la semaine au couvent. Des parents venus avec eux s’installent près des couvents pour leur rendre de menus services. Le mardi vers quatorze heures, le tambour sacré « Ekplin » est installé sur la place de Gbatsomé.
Une séance de réjouissances rassemble les adeptes qui vont danser toute la soirée. Et celle-ci dure jusqu’à mercredi.
Le jeudi c’est le « vodu dze apu ». Les « hounon » et « vodussi », ceints de pagnes blancs, les anciens, et tout le peuple Guen-Mina, s’assemblent à Glidji Kpodji. Tout le monde revêt ses plus beaux atours. Les femmes, têtes nues, portent leurs parures de perles et s’enduisent le haut du corps de kaolin. Lorsque la foule est rassemblée, les « hounon » des divinités conduisent le peuple jusqu’à la mer, pour une prière et une libation de louanges et de remerciements.
A la fin de la libation, les tambours se mettent à battre au rythme d’une danse guerrière. Le cortège chantant et dansant va au bord de la mer ; là, les initiées en transe se jettent dans les vagues ; de solides adeptes les encadrent pour les empêcher de se noyer.
Ce rite se termine assez tard dans la nuit. Il rappelle l’origine des divinités ; il marque aussi la fin des festivités du nouvel an Guen-Mina. Il faut préciser que ces dieux passent huit mois lunaires parmi les hommes dans le couvent, et quatre mois lunaires dans la mer, et que durant leur séjour parmi les humains, ils reçoivent les doléances de leurs adeptes et reviennent quatre mois plus tard avec les bénédictions.
VODU-DZE-APU se termine à la plage d’Aného