Roi Foli Bébé XV
L’histoire du peuple Guin
Fondation de GLIDJI par FOLI BEBE (1680-1722)
Au XVIIe siècle, dans la région d’Accra, vivaient au Sud-Ouest des Monts Akwapim des peuples matrilinéaires : Ashanti, Fanti, Akyem, Akwamu et au Sud-Est des peuples patrilinéaires : Gâ, La, Ningo, Shaï, Krobo.
Organisés en royaume autour d’Accra, principal débouché des grandes routes commerciales de l’intérieur avec les Européens (Anglais, Hollandais, Danois), les Gâ exerçaient une suprématie indéniable sur les autres peuples.
Jaloux de cette prépondérance, les Akwamu se soulevèrent, défirent les Gâ à la bataille de Nyatrabi.
Le roi gâ Okaï-Kwei ou Kankue en Guin (altération de gâ) battu à Nyatrabi suite à la trahison de ses généraux se suicida devant la cour assemblée.
Après la mort du roi Kankué, l’une de ses sœurs aînées et deux princes Foli Bébé (Ofori Bembeneen en gâ) et Foli Hemadzro, prirent deux trônes, l’un en ivoire et l’autre en ébène incrusté d’or pour aller créer un autre royaume vers l’est du fleuve Volta.
Ils accostèrent à Guinvé (forêt des Guin) actuellement Vodugbé près de Gumukopé.
Foli Bébé et sa suite fondèrent l’actuel Glidji, à l’emplacement du relais de chasse d’un nommé Adikpi originaire de Woatsikopé, près de Péda (futur Dahomey).
Foli Hemadzro, son frère consanguin, prit les trônes et les cannes royales pour les cacher à Zowla.
Après le suicide du roi Kankué, l’armée gâ sous la direction de son neveu le prince Ashangmo (Assiongbon en guin) résista vaillamment aux Akwamu pendant quelques années avant de se résoudre à rejoindre ses neveux à Glidji avec ses alliés La et Ningo et les pêcheurs itinérants Pla (Grand-Popo, Dahomey actuel Bénin).
Le prince Amah Kpassem, l’un des frères consanguins de Foli Bébé, venu avec le groupe d’Ashangmo, alla s’installer à Anfoin, tandis que Anakpan se fixa à Agbétigomé à Glidji, Assou à Assoukopé, Aba à Badugbé-Kéta, Anyro à Anyronkopé et sa femme Zoli à Zalivé.
D’autres immigrés fondèrent Kouénou, Djankassé, Dégbénou, Agouégan, Sivamé, Aklakou.
Ainsi GLIDJI (carte géographique), fondée au plus tôt en 1663 et au plus tard en 1680 était entouré d’un auréole de villages placés en avant-garde comme des sentinelles.
ASSIONGBON DANDJE (1725 – 1745)
Fils et successeur de Foli Bébé, frère cadet d’Ekué Aho fondateur d’Aklakou, Assiongbon Dandje était un homme de haute taille. Sa bravoure et son humeur belliqueuse étaient légendaires dès son enfance.
Assiongbon Dandje : général de l’armée d’Agadja le conquérant (1708 – 1732)
Le roi d’Abomey Agadja ayant épousé Ayifo, sœur d’Assiongbon Dandje, mit celui-ci à la tête de son armée à cause de sa bravoure, de son intrépidité.
– Sous Agadja, Assiongbon Dandje fit la campagne d’Allada au cours de laquelle l’anglais Bullfinch Lamb fut capturé et fait prisonnier pendant deux ans à Abomey.
– Assiongbon Dandje participa à la campagne de Ouidah qui permit au royaume d’Abomey de s’étendre jusqu’à l’Océan. Au cours de cette campagne fut instituée l’armée des amazones et fut exécuté l’anglais Testefole.
Assiongbon Dandje participa aux campagnes d’Agadja contre les Yoruba d’Oyo mais ceux-ci, plus forts, ont maintenu Abomey dans la vassalité. Ce fut pour expliquer à son peuple cette allégeance que Agadja a dit que les Yoruba étaient des « inagonou », des pauvres, des démunis, des indigents, attribut qui leur est resté : « Nago ».
La rencontre culturelle avec les Yoruba a permis d’adopter leur géomancie, l’oracle « Afa ».
Laisser partir un général de la trempe d’Assiongbon Dandje, commandant en chef de l’armée avec ses stratégies et ses stratagèmes, équivaudrait à un suicide. Aussi tout, complots, traquenards, était-il mis en œuvre pour l’en dissuader ou l’éliminer. Par clairvoyance ou par ruse, Assiongbon Dandje s’en était sorti.
Assiongbon Dandje : deuxième roi de Glidji
Sur le chemin de retour à Glidji (carte géographique), Assiongbon Dandje a renforcé la défense de certains villages comme Agbanakin, Aklakou et en a créé d’autres comme Agbétiko, Agomé-Seva, Avévé, Kpondavé, Séko.
A Glidji, il a implanté ses chefs de guerre autour du quartier central Adjokpédji : Hifo et Zigga à Toklo au bord de la lagune, Flaconyi et son fils Djibom à Agodja-kponu parmi les rôniers, les féticheurs Togbahun et Hufon vers Kpodji à Agodja-Glohome.
La grande place d’Ablogamé où Assiongbon Dandje planta trois fromagers devint désormais Huntitongome. A cette « place des trois fromagers » se tient la cour d’assises de toute la région.
Fondation d’Aneho
Des immigrants Fanti, venus de la région de Cape Coast, s’installèrent avec l’autorisation du roi de Glidji sur la plage, refoulant plus ou moins brutalement les autochtones Pla.
Ce furent d’abord les Ané de la région d’Elmina sous la conduite de Kwam Dessou ; leur localité fut appelée « campement des Ané » (Aneho) et compte tenu de leur origine les Européens appelleront les habitants les mina.
Le chasseur Asiadu venu d’Accra avec son fils Bewu, installé par Assiongbon Dandje à Agokpamé parmi les rôniers, fut l’ancêtre des Lawson. Ses descendants s’implantèrent à Aneho sur le terrain marécageux de Badji, infesté de caïmans, à Lolamé.
Sur le plan culturel et spirituel, Glidji avec Dégbénou fut le panthéon des divinités.
Les trois premiers rois successeurs d’ASSIONGBON DANDJE
Les trois premiers rois successeurs d’Assiongbon Dandje, ses deux frères : Ekue Adjalo (1748-1757), Ekue Azankpo (1760-1785) et son fils Foli Dekpo (1788-1813) s’efforcèrent de consolider son œuvre.
Azankpo fut encore appelé Adankpo parce qu’il mit fin aux conflits entre les Fon et les Guin.
Toutefois son règne vit la guerre des Guin sous la conduite de Latévi Awoku contre les Anlo de Kéta hostiles au monopole des Danois et à la construction de leur fort dans la ville.
Les rois dans la tourmente de la première moitié du 19è siècle
1/- Le roi Ekue Sowu (1815 – 1852)
Il connut un début difficile car la couronne a été attribuée aussi au prince Foli Thosu décédé en 1815.
Son règne fut marqué par :
– l’extension d’Agoué (1821) avec des immigrants Guin (Foli Anô, Komlagan), Nago d’Abeokuta, Mahi de Dassa-Zoumé, des esclaves libérés du Brésil,
– la fondation d’Agbodrafo (1835) par Kuadjo Agbossou et qui devint comptoir portugais (Porto Seguro).
2/- Le roi Agbanon 1er (1849 – 1852)
Son règne fut marqué par :
– le retour de la paix dans le royaume guin.,
– la fondation d’Adjido (Ajudo Deo) par Isidore de Souza fils de Francisco de Souza alors à Ouidah (Ajudo Deo),
– l’interdiction de la traite négrière encouragée par la reine Victoria d’Angleterre, par le don d’un sceptre.
– institution de cimetière hors du village.
3/- Le roi Seddo (1854 – 1856)
Son règne fut marqué par le conflit contre les gens de Dogbo, branche du peuple Adja.
Retour de la prospérité
1/- Le roi Foli Kpové « Alofa » (1857-1866)
– s’installa au Palais à Adjokpedji,
– resserra les liens entre Glidji et Agoué où Zoki Zata collectait les droits de plage,
– traça la rue du Palais royal à la lagune pour les marchandises,
– fit creuser des puits à Todahe,
– ouvrit la première école en 1861, enseignant en portugais,
– encouragea l’agriculture dans la région d’Atouéta.
2/- Le roi Foli Awusi « Tonyo » (1868-1883)
Son règne fut marqué par :
– la création d’une station secondaire wesleyenne à Glidji vers 1870, en premier lieu dans la maison Combey Kpatcha à Kpota (anglais) puis dans la chapelle construite sur le terrain de Kuevi Volosu,
– l’établissement de relations avec des commerçants allemands dès 1880,
– des conflits entre les Guin et les gens de Vo (1883).
Le roi FOLI ADJEWODA HUEGBO et l’occupation européenne (1884 – 1922)
Couronné début juillet 1884 Huegbo, « disputes, palabres terminées », assista à la valse des coloniaux européens :
– le 05 juillet 1884 : traité de Baguida entre Nachtigal et l’émissaire du roi Mlapa de Togo ;
– le 17 avril 1885 : traité de protectorat entre Huegbo et le lieutenant de vaisseau français Dornain. ;
– le 24 décembre 1885 : accord entre les français et les allemands à Berlin pour l’échange de Petit-Popo et Porto-Seguro contre Koba et Kobitaï à Dubreka en Guinée ;
– le 15 avril 1886 : cession par Huegbo aux allemands d’Adanhunzo (la furie éclate) ainsi dénommé après la guerre de Glidji contre Agoué en 1861. Appelé Zébé par les Allemands, il devint la capitale du Togo avec la résidence du Gouverneur, des bâtiments administratifs (école, tribunal, travaux publics), une plantation pour tabac, café, caoutchouc.
– le 07 août 1914 : la Première Guerre Mondiale et Huegbo ressort le drapeau français de 1885.
– le 10 novembre 1919 : Huegbo envoya au Ministre des Colonies à Paris un cablogramme pour que tout le Togo allemand revienne à la France.
Sous le règne de Huegbo furent construits le pont de Glidji sur la lagune et la Chapelle de la Mission catholique à Ablogamé.
Sous les Français, Huegbo connut la déception dans la querelle entre les Lawson et les Adjigo avec la déportation le 1er mai 1922 des Adjigo à Mango par le nouveau Gouverneur Bonnecarrère.
Le roi AGBANON II : mai 1929 – février 1972
Le roi Agbanon II a marqué son siècle et constitue une référence pour la chefferie traditionnelle au Togo et en Afrique.
1/ Un homme bien formé
Né en 1898 à Glidji, il fréquenta sous les Allemands l’école primaire jusqu’en 1914 et le Cours complémentaire, travailla à l’Ecole Professionnelle puis à la SCOA à Lomé, à John Walkden au Dahomey, à UNILEVER comme comptable au Congo belge de 1926 à 1929.
Outre le Guin, il maîtrisait parfaitement l’allemand, l’anglais, le français. En congé à Glidji en 1929 il fut élu et couronné le jeudi 09 mai 1929.
2/ Un homme politique
Agbanon II prit une part active à la vie politique de son pays pour son accession à l’indépendance.
Il fut :
– membre du Conseil des Notables du Cercle d’Aneho ;
– membre influent du parti nationaliste CUT, Comité de l’Unité Togolaise, qui luttait pour l’indépendance avec Sylvanus Olympio, Augustino de Souza, Savi de Tové,…
– député à l’Assemblée Représentative du Togo de 1946 à 1951 où il fut Président de la Commission Administrative, Vice-Président de la Commission Sociale ;
– député et Vice-Président de l’Assemblée Nationale de la Première République Togolaise (1961 – 1963) ;
– auteur de nombreux écrits notamment de « l’Histoire de Petit-Popo et du Royaume Guin » (1934);
– titulaire de plusieurs décorations nationales et internationales, notamment :
– Grand Croix et Grand Chancelier de l’Ordre du Mono
– Grand Maître de l’Ordre International de Chevalerie de l’Etoile de la Paix (Milan le 25 octobre 1950).
3/ Le promoteur de l’essor de Glidji
Le règne d’Agbanon II a vu :
– la piste d’atterrissage d’avion à Glidji en 1938,
– la ferme – école d’Agriculture avec les pionniers,
– l’école primaire publique, le Collège d’enseignement général (CEG), et le dispensaire,
– la construction de l’Eglise catholique St Christophe,
– la construction du Temple méthodiste Béthel,
– l’essor du commerce avec le marché, les boutiques,
– le développement de l’artisanat : la pèche dans la lagune (huîtres, crevettes, poissons), la capture de crabes terrestres (agoglâ), la préparation de spécialités alimentaires
(Glidjiblo, galikponon, tchimani, …), la briqueterie et la poterie (Glidjigbâ), la teinturerie à l’indigo, etc.
– la promotion des groupes de chants et danses par quartier :
. Toklo : Djokli, Nyakpoe, Agbodjoanyi, Anogbâ, Gahun,
. Ablogamé : Dunakpoe, Huenohu, …
. Agodja : Nyagu, Hame, …
. Kpodji : Adjrowoe, Ananivi, …
A ces groupes laïcs s’ajoutaient les groupes des féticheurs des diverses divinités : Agboe, Hevieso, Avlekete (Toklo), Montan, Gbegu, Dangbe (Agodja), Anana Bluku, Akuenohue (Ablogamé),
Les successeurs d’AGBANÔN II
Ge Fiogâ Tonyo Foli Bébé XIV (1981-1992) et Ge Fiogâ Sèdégbé Foli Bébé XV ( 12 juin 1997 ) poursuivent activement l’œuvre d’Agbanon II.
– Le règne de Tonyo a été marqué par l’implantation d’un Centre Social à Glidji, du Lycée à Zébé, d’un CEG à Zalivé. Glidji, après l’adduction d’eau courante, a bénéficié de l’électrification.
– Le règne de Sèdégbé est marqué par l’ouverture de l’école méthodiste et l’installation de l’évêché à Glidji, la création du Lycée de Zalivé, du CEG de Zowla, l’électrification de Zowla.
Document élaboré par le Professeur Koffi Attignon avec l’approbation de Ge Fiogâ Sèdégbé Foli Bébé XV.