Agbadja – Epe-Ekpe
Histoire Chantée d’Ayi Manko
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Portraits d’epoque
Les Guin
Roi Foli Bébé XV
L’histoire du peuple Guin
Fondation de GLIDJI par FOLI BEBE (1680-1722)
Au XVIIe siècle, dans la région d’Accra, vivaient au Sud-Ouest des Monts Akwapim des peuples matrilinéaires : Ashanti, Fanti, Akyem, Akwamu et au Sud-Est des peuples patrilinéaires : Gâ, La, Ningo, Shaï, Krobo.
Organisés en royaume autour d’Accra, principal débouché des grandes routes commerciales de l’intérieur avec les Européens (Anglais, Hollandais, Danois), les Gâ exerçaient une suprématie indéniable sur les autres peuples.
Jaloux de cette prépondérance, les Akwamu se soulevèrent, défirent les Gâ à la bataille de Nyatrabi.
Le roi gâ Okaï-Kwei ou Kankue en Guin (altération de gâ) battu à Nyatrabi suite à la trahison de ses généraux se suicida devant la cour assemblée.
Après la mort du roi Kankué, l’une de ses sœurs aînées et deux princes Foli Bébé (Ofori Bembeneen en gâ) et Foli Hemadzro, prirent deux trônes, l’un en ivoire et l’autre en ébène incrusté d’or pour aller créer un autre royaume vers l’est du fleuve Volta.
Ils accostèrent à Guinvé (forêt des Guin) actuellement Vodugbé près de Gumukopé.
Foli Bébé et sa suite fondèrent l’actuel Glidji, à l’emplacement du relais de chasse d’un nommé Adikpi originaire de Woatsikopé, près de Péda (futur Dahomey).
Foli Hemadzro, son frère consanguin, prit les trônes et les cannes royales pour les cacher à Zowla.
Après le suicide du roi Kankué, l’armée gâ sous la direction de son neveu le prince Ashangmo (Assiongbon en guin) résista vaillamment aux Akwamu pendant quelques années avant de se résoudre à rejoindre ses neveux à Glidji avec ses alliés La et Ningo et les pêcheurs itinérants Pla (Grand-Popo, Dahomey actuel Bénin).
Le prince Amah Kpassem, l’un des frères consanguins de Foli Bébé, venu avec le groupe d’Ashangmo, alla s’installer à Anfoin, tandis que Anakpan se fixa à Agbétigomé à Glidji, Assou à Assoukopé, Aba à Badugbé-Kéta, Anyro à Anyronkopé et sa femme Zoli à Zalivé.
D’autres immigrés fondèrent Kouénou, Djankassé, Dégbénou, Agouégan, Sivamé, Aklakou.
Ainsi GLIDJI (carte géographique), fondée au plus tôt en 1663 et au plus tard en 1680 était entouré d’un auréole de villages placés en avant-garde comme des sentinelles.
ASSIONGBON DANDJE (1725 – 1745)
Fils et successeur de Foli Bébé, frère cadet d’Ekué Aho fondateur d’Aklakou, Assiongbon Dandje était un homme de haute taille. Sa bravoure et son humeur belliqueuse étaient légendaires dès son enfance.
Assiongbon Dandje : général de l’armée d’Agadja le conquérant (1708 – 1732)
Le roi d’Abomey Agadja ayant épousé Ayifo, sœur d’Assiongbon Dandje, mit celui-ci à la tête de son armée à cause de sa bravoure, de son intrépidité.
– Sous Agadja, Assiongbon Dandje fit la campagne d’Allada au cours de laquelle l’anglais Bullfinch Lamb fut capturé et fait prisonnier pendant deux ans à Abomey.
– Assiongbon Dandje participa à la campagne de Ouidah qui permit au royaume d’Abomey de s’étendre jusqu’à l’Océan. Au cours de cette campagne fut instituée l’armée des amazones et fut exécuté l’anglais Testefole.
Assiongbon Dandje participa aux campagnes d’Agadja contre les Yoruba d’Oyo mais ceux-ci, plus forts, ont maintenu Abomey dans la vassalité. Ce fut pour expliquer à son peuple cette allégeance que Agadja a dit que les Yoruba étaient des « inagonou », des pauvres, des démunis, des indigents, attribut qui leur est resté : « Nago ».
La rencontre culturelle avec les Yoruba a permis d’adopter leur géomancie, l’oracle « Afa ».
Laisser partir un général de la trempe d’Assiongbon Dandje, commandant en chef de l’armée avec ses stratégies et ses stratagèmes, équivaudrait à un suicide. Aussi tout, complots, traquenards, était-il mis en œuvre pour l’en dissuader ou l’éliminer. Par clairvoyance ou par ruse, Assiongbon Dandje s’en était sorti.
Assiongbon Dandje : deuxième roi de Glidji
Sur le chemin de retour à Glidji (carte géographique), Assiongbon Dandje a renforcé la défense de certains villages comme Agbanakin, Aklakou et en a créé d’autres comme Agbétiko, Agomé-Seva, Avévé, Kpondavé, Séko.
A Glidji, il a implanté ses chefs de guerre autour du quartier central Adjokpédji : Hifo et Zigga à Toklo au bord de la lagune, Flaconyi et son fils Djibom à Agodja-kponu parmi les rôniers, les féticheurs Togbahun et Hufon vers Kpodji à Agodja-Glohome.
La grande place d’Ablogamé où Assiongbon Dandje planta trois fromagers devint désormais Huntitongome. A cette « place des trois fromagers » se tient la cour d’assises de toute la région.
Fondation d’Aneho
Des immigrants Fanti, venus de la région de Cape Coast, s’installèrent avec l’autorisation du roi de Glidji sur la plage, refoulant plus ou moins brutalement les autochtones Pla.
Ce furent d’abord les Ané de la région d’Elmina sous la conduite de Kwam Dessou ; leur localité fut appelée « campement des Ané » (Aneho) et compte tenu de leur origine les Européens appelleront les habitants les mina.
Le chasseur Asiadu venu d’Accra avec son fils Bewu, installé par Assiongbon Dandje à Agokpamé parmi les rôniers, fut l’ancêtre des Lawson. Ses descendants s’implantèrent à Aneho sur le terrain marécageux de Badji, infesté de caïmans, à Lolamé.
Sur le plan culturel et spirituel, Glidji avec Dégbénou fut le panthéon des divinités.
Les trois premiers rois successeurs d’ASSIONGBON DANDJE
Les trois premiers rois successeurs d’Assiongbon Dandje, ses deux frères : Ekue Adjalo (1748-1757), Ekue Azankpo (1760-1785) et son fils Foli Dekpo (1788-1813) s’efforcèrent de consolider son œuvre.
Azankpo fut encore appelé Adankpo parce qu’il mit fin aux conflits entre les Fon et les Guin.
Toutefois son règne vit la guerre des Guin sous la conduite de Latévi Awoku contre les Anlo de Kéta hostiles au monopole des Danois et à la construction de leur fort dans la ville.
Les rois dans la tourmente de la première moitié du 19è siècle
1/- Le roi Ekue Sowu (1815 – 1852)
Il connut un début difficile car la couronne a été attribuée aussi au prince Foli Thosu décédé en 1815.
Son règne fut marqué par :
– l’extension d’Agoué (1821) avec des immigrants Guin (Foli Anô, Komlagan), Nago d’Abeokuta, Mahi de Dassa-Zoumé, des esclaves libérés du Brésil,
– la fondation d’Agbodrafo (1835) par Kuadjo Agbossou et qui devint comptoir portugais (Porto Seguro).
2/- Le roi Agbanon 1er (1849 – 1852)
Son règne fut marqué par :
– le retour de la paix dans le royaume guin.,
– la fondation d’Adjido (Ajudo Deo) par Isidore de Souza fils de Francisco de Souza alors à Ouidah (Ajudo Deo),
– l’interdiction de la traite négrière encouragée par la reine Victoria d’Angleterre, par le don d’un sceptre.
– institution de cimetière hors du village.
3/- Le roi Seddo (1854 – 1856)
Son règne fut marqué par le conflit contre les gens de Dogbo, branche du peuple Adja.
Retour de la prospérité
1/- Le roi Foli Kpové « Alofa » (1857-1866)
– s’installa au Palais à Adjokpedji,
– resserra les liens entre Glidji et Agoué où Zoki Zata collectait les droits de plage,
– traça la rue du Palais royal à la lagune pour les marchandises,
– fit creuser des puits à Todahe,
– ouvrit la première école en 1861, enseignant en portugais,
– encouragea l’agriculture dans la région d’Atouéta.
2/- Le roi Foli Awusi « Tonyo » (1868-1883)
Son règne fut marqué par :
– la création d’une station secondaire wesleyenne à Glidji vers 1870, en premier lieu dans la maison Combey Kpatcha à Kpota (anglais) puis dans la chapelle construite sur le terrain de Kuevi Volosu,
– l’établissement de relations avec des commerçants allemands dès 1880,
– des conflits entre les Guin et les gens de Vo (1883).
Le roi FOLI ADJEWODA HUEGBO et l’occupation européenne (1884 – 1922)
Couronné début juillet 1884 Huegbo, « disputes, palabres terminées », assista à la valse des coloniaux européens :
– le 05 juillet 1884 : traité de Baguida entre Nachtigal et l’émissaire du roi Mlapa de Togo ;
– le 17 avril 1885 : traité de protectorat entre Huegbo et le lieutenant de vaisseau français Dornain. ;
– le 24 décembre 1885 : accord entre les français et les allemands à Berlin pour l’échange de Petit-Popo et Porto-Seguro contre Koba et Kobitaï à Dubreka en Guinée ;
– le 15 avril 1886 : cession par Huegbo aux allemands d’Adanhunzo (la furie éclate) ainsi dénommé après la guerre de Glidji contre Agoué en 1861. Appelé Zébé par les Allemands, il devint la capitale du Togo avec la résidence du Gouverneur, des bâtiments administratifs (école, tribunal, travaux publics), une plantation pour tabac, café, caoutchouc.
– le 07 août 1914 : la Première Guerre Mondiale et Huegbo ressort le drapeau français de 1885.
– le 10 novembre 1919 : Huegbo envoya au Ministre des Colonies à Paris un cablogramme pour que tout le Togo allemand revienne à la France.
Sous le règne de Huegbo furent construits le pont de Glidji sur la lagune et la Chapelle de la Mission catholique à Ablogamé.
Sous les Français, Huegbo connut la déception dans la querelle entre les Lawson et les Adjigo avec la déportation le 1er mai 1922 des Adjigo à Mango par le nouveau Gouverneur Bonnecarrère.
Le roi AGBANON II : mai 1929 – février 1972
Le roi Agbanon II a marqué son siècle et constitue une référence pour la chefferie traditionnelle au Togo et en Afrique.
1/ Un homme bien formé
Né en 1898 à Glidji, il fréquenta sous les Allemands l’école primaire jusqu’en 1914 et le Cours complémentaire, travailla à l’Ecole Professionnelle puis à la SCOA à Lomé, à John Walkden au Dahomey, à UNILEVER comme comptable au Congo belge de 1926 à 1929.
Outre le Guin, il maîtrisait parfaitement l’allemand, l’anglais, le français. En congé à Glidji en 1929 il fut élu et couronné le jeudi 09 mai 1929.
2/ Un homme politique
Agbanon II prit une part active à la vie politique de son pays pour son accession à l’indépendance.
Il fut :
– membre du Conseil des Notables du Cercle d’Aneho ;
– membre influent du parti nationaliste CUT, Comité de l’Unité Togolaise, qui luttait pour l’indépendance avec Sylvanus Olympio, Augustino de Souza, Savi de Tové,…
– député à l’Assemblée Représentative du Togo de 1946 à 1951 où il fut Président de la Commission Administrative, Vice-Président de la Commission Sociale ;
– député et Vice-Président de l’Assemblée Nationale de la Première République Togolaise (1961 – 1963) ;
– auteur de nombreux écrits notamment de « l’Histoire de Petit-Popo et du Royaume Guin » (1934);
– titulaire de plusieurs décorations nationales et internationales, notamment :
– Grand Croix et Grand Chancelier de l’Ordre du Mono
– Grand Maître de l’Ordre International de Chevalerie de l’Etoile de la Paix (Milan le 25 octobre 1950).
3/ Le promoteur de l’essor de Glidji
Le règne d’Agbanon II a vu :
– la piste d’atterrissage d’avion à Glidji en 1938,
– la ferme – école d’Agriculture avec les pionniers,
– l’école primaire publique, le Collège d’enseignement général (CEG), et le dispensaire,
– la construction de l’Eglise catholique St Christophe,
– la construction du Temple méthodiste Béthel,
– l’essor du commerce avec le marché, les boutiques,
– le développement de l’artisanat : la pèche dans la lagune (huîtres, crevettes, poissons), la capture de crabes terrestres (agoglâ), la préparation de spécialités alimentaires
(Glidjiblo, galikponon, tchimani, …), la briqueterie et la poterie (Glidjigbâ), la teinturerie à l’indigo, etc.
– la promotion des groupes de chants et danses par quartier :
. Toklo : Djokli, Nyakpoe, Agbodjoanyi, Anogbâ, Gahun,
. Ablogamé : Dunakpoe, Huenohu, …
. Agodja : Nyagu, Hame, …
. Kpodji : Adjrowoe, Ananivi, …
A ces groupes laïcs s’ajoutaient les groupes des féticheurs des diverses divinités : Agboe, Hevieso, Avlekete (Toklo), Montan, Gbegu, Dangbe (Agodja), Anana Bluku, Akuenohue (Ablogamé),
Les successeurs d’AGBANÔN II
Ge Fiogâ Tonyo Foli Bébé XIV (1981-1992) et Ge Fiogâ Sèdégbé Foli Bébé XV ( 12 juin 1997 ) poursuivent activement l’œuvre d’Agbanon II.
– Le règne de Tonyo a été marqué par l’implantation d’un Centre Social à Glidji, du Lycée à Zébé, d’un CEG à Zalivé. Glidji, après l’adduction d’eau courante, a bénéficié de l’électrification.
– Le règne de Sèdégbé est marqué par l’ouverture de l’école méthodiste et l’installation de l’évêché à Glidji, la création du Lycée de Zalivé, du CEG de Zowla, l’électrification de Zowla.
Document élaboré par le Professeur Koffi Attignon avec l’approbation de Ge Fiogâ Sèdégbé Foli Bébé XV.
Les Aguda
LES « AGUDA » (AFRO-BRÉSILIENS) DU GOLFE DU BÉNIN
Les Aguda que l’on désigne également sous le nom d’Afro-Brésiliens sont une communauté composite comprenant des descendants d’anciens négriers portugais ou brésiliens ainsi que des descendants d’anciens esclaves africains revenus du Brésil à partir de 1835.
Le terme « Afro-Brésilien » désigne l’ensemble des Africains déportés au Brésil dans le cadre de l’économie de traite négrière, comme l’appellation « Afro-américain ». Il est employé pour qualifier certains d’entre eux qui retournèrent en Afrique et formèrent une communauté originale, encore présente aujourd’hui.
Le qualificatif « afro », est censé renvoyer à une origine commune, continentale, même si ladite population ne se réfère guère à cette identité de nature géographique, qui a d’abord un sens pour ceux qui sont extérieurs à ce continent. Malgré des traits raciaux communs avec les habitants des côtes africaines, cette population s’en différencie à bien des égards, notamment par des pratiques culturelles et sociales acquises au Brésil. D’ailleurs, pour bien se différencier des autochtones, qui les qualifieront de « Brésiliens ou d’Agouda », ils se dénommeront souvent « Créoles ». L’habitat sera également un moyen d’affirmer leur singularité.
Quelques repères chronologiques :
Typologie des Aguda
1 – Les descendants de négriers
Si des relations privilégiées sont établies entre le Brésil et la Côte des Esclaves, les autres nations n’en sont pas pour autant exclues. La diversité des origines est confirmée par l’architecture.
La famille de Souza
Son fondateur est Francisco Felix de Souza, originaire du Brésil, de père portugais et de mère amérindienne. Il s’installe sur la Côte des Esclaves aux alentours de 1800 et est considéré au XIX° comme un des plus grands négriers de la Côte.
Ses enfants s’installent également dans les autres cités côtières. La maison d’Ezechiel de Souza, petit fils du Chacha, à Aneho est une maison de commerce à étage comportant au rez-de-chaussée des boutiques et un appartement à l’étage. A Porto Novo, les descendants de Souza possède également une maison de plain pied.
Les descendants d’Ollivier de Montaguère
Directeur du fort français de Ouidah dans le dernier quart du XVIII° (1775/1786), Ollivier de Montaguère épouse selon la coutume locale une mulâtresse et prend une deuxième épouse d’origine Adja. Il aura de son premier mariage deux fils, Nicolas et Jean Baptiste qui seront éduqués à Marseille et de la seconde union un fils Joseph. En 1793, Ollivier de Montaguère rentre en France où il meurt quelque temps plus tard. Son fils Nicolas retourne à Ouidah où il construit une grande maison sur le terrain de son père. Ami de Francisco Felix de Souza, il devient cabécère, et est appelé par les Portugais de Ouidah, Nicolas d’Oliveira.
Cette famille illustre les relations privilégiées établies dans l’élite commerciale et politique africaine au cours des XIX° et XX° siècles. Le nom apposé sur la façade de la maison fait référence à Ollivier de Montaguère et à Achille Féraud, fonctionnaire colonial.
La famille Trezise
Trezise, originaire du Pays de Galles, vient d’abord s’installer à Aneho. Son fils se marie à Aneho avec Ayokodjin, fille de Apeto Ayi Pedro Felix d’Almeida qui donne naissance à Clara et Francesco Trezise. Ce dernier s’installe à Lagos et construit deux maisons dans le quartier brésilien de Lagos Island en 1864. La maison de façade en rez-de-chaussée surélevé couvre une cave dans laquelle étaient entreposés les esclaves lors de la traite illégale.
2 – Les natifs « adoptés » par les capitaines et les commerçants étrangers
La famille d’Almeida
Plusieurs branches d’Almeida existent sur la Côte. Il est donc important de savoir à quelle ville ou à quel fondateur se rattache le nom pour déterminer l’origine des familles. La famille d’Almeida d’Aneho dont il est question ici, est originaire d’Aneho. Le père d’Apeto Ayi Pedro Felix d’Almeida s’appelait Ayité Kissè et son grand-père Ayi Manko. Proche de la famille de Souza, le fondateur ; il est le fils de la sœur de la deuxième épouse de Francisco Félix de Souza, princesse de Glidji. Ayi dont la mère meurt en couches, est recueilli par Chacha 1er. Vivant dans la maison, sans bénéficier de la même éducation que les enfants de Souza, il apprend néanmoins à lire. Francisco Felix de Souza découvrant l’intelligence du garçon, l’adopte et lui donne le nom de Pedro Felix Ayi d’Almeida du nom de son ami portugais d’Almeida, mort sans avoir laisser de descendance.
Les Lawson d’Aneho
L’origine de la dynastie des Lawson, actuels rois d’Aneho, remonte au royaume de Glidji, situé à l’intérieur des terres près de la lagune d’Aneho. Au temps de la traite négrière, les bateaux commencèrent à établir des relations commerciales avec le royaume de Glidji. Un jour, un capitaine négrier anglais demanda au roi de Glidji de lui donner un de ses fils afin de l’éduquer en Angleterre. Devant le refus de ses femmes qui craignaient que leurs fils ne deviennent esclaves, le roi confia Awoku, un de ses neveux (fils d’une de ses sœurs) au capitaine négrier. Awoku resta quinze ans en Europe où il apprend le commerce. De retour à Glidji, celui-ci demande au roi l’autorisation de s’installer sur la plage d’Aneho et s’occupe des transactions avec les capitaines négriers. A son tour, il envoie son fils, Akwete, en Angleterre où celui-ci reste environ dix-huit ans. A son retour, Akwete prend le nom de son bienfaiteur George Law ou Lawson et reprend les activités de son père sur la Côte. Alors survient un conflit avec les chefs fantis installés à Aneho qui donne lieu à la guerre de 1821, qui aura pour conséquence la prise de pouvoir des Lawson sur Aneho et la fondation de la dynastie des Lawson.
3 – Les afro-brésiliens
La famille Marcos
José Marcos est un des premiers afro-brésiliens à revenir du Brésil. D’après sa petite fille, âgée de 88 ans aujourd’hui, il serait revenu à Porto Novo car ses enfants mourraient en bas âge au Brésil. Sachant que dans son pays d’origine, les savoir-faire traditionnels pouvaient faire vivre ses enfants, il décide de revenir en Afrique. Il accoste d’abord à Ouidah, puis rejoint Porto Novo en pirogue où il acquiert auprès du roi des terrains qu’il paie en cauris. Il achète ainsi des terres depuis Avassa jusqu’à Djassin. Ami du roi Toffa, ce dernier l’appelait « Grand Père ».
Converti à l’islam (son nom musulman étant Idriss), il favorisa l’installation des afro-brésiliens, des yorubas et des français à Porto Novo auxquels il cédait des terres. Par ailleurs d’Albecca note au sujet de la communauté musulmane de Porto Novo dans « les établissements Français du Golfe du Bénin » paru en 1889 : « ils ont des factories et tiennent souvent en échec des maisons européennes. Les José Marcos, Ignacio Paraiso, Bakari, etc… sont des notables, riches, considérés et très prisés du roi indigène Toffa, auquel ils prêtent de l’argent. »
La famille Paraiso
Esclave affranchi du Brésil, Bambero Paraiso revient à Porto Novo suite à la révolte des Malais de 1835 à Bahia à laquelle il aurait participé d’après Mr da Silva, descendant de Bambero du côté maternel. L’histoire de Bambero n’est pas clairement établie et les descendants en offrent des versions différentes. Toujours est-il que Bambero Paraiso s’installe dans une maison en terre de barre dans le quartier Odo Oba de Porto Novo. Il devient « lari » du roi, fonction qui sera transmise à son fils Ignacio. Ignacio se fit construire une maison de plain pied de style afro-brésilien qui est devenue aujourd’hui la maison familiale. Les meubles qui y figuraient ont été transportés au Musée da Silva.
Da Rocha
Personnage très connu à Lagos Island pour son immense richesse et la maison appelée Water House qu’il construisit à Kakawa Street, Candido da Rocha était également un esclave affranchi brésilien. Celui-ci s’installe à Lagos où il acquiert sa richesse grâce à un puits d’eau douce dont il vend l’eau. Il possédait un carrosse et des chevaux.
Un jardin suspendu était aménagé sur la terrasse couvrant la maison.
La famille Campos
Esclave affranchi revenu du Brésil, Ramon Campos était très connu à Lagos, « Papae Campos » et a laissé son nom à une place dans le quartier brésilien de Lagos Island. Il fabriquait et vendait des masques pour les carnavals brésiliens qui avaient lieu les 25 décembre, 1er janvier et à Pâques.
Caractéristique des afro-brésiliens, cette famille illustre les liens établis entre les différentes communautés de la société africaine. En effet, la descendante de Ramon Marcos occupant aujourd’hui la maison, porte le nom de Cynthia Coker et fait référence à un deuxième groupe d’esclaves affranchis revenus s’installer dans leur pays d’origine, les Sierra Léonais ou Saros.
4 – Les Sierra-Léonais ou les Saros
Capturés et vendus comme esclaves aux bateaux négriers, après l’abolition de la traite, les sierra-léonais n’ont jamais connu le Brésil. Leurs bateaux arraisonnés par les patrouilleurs anglais au large des côtes africaines, ces esclaves affranchis étaient débarqués en Sierra Leone et confiés à des missionnaires protestants. Ce n’est souvent qu’après plusieurs années passées dans les écoles missionnaires de Sierra Leone qu’ils reviennent dans leurs pays et cités d’origine.
La famille Doherty
Originaire d’Ilaro, cette famille possède plusieurs maisons à Lagos Island. Capturé lors des batailles entre Abomey et les royaumes egba et egbado, le fondateur de la famille, Henri Théodore Doherty est vendu comme esclave, débarqué en Sierra Leone où il est éduqué par les missionnaires. De retour à Lagos au milieu du XIX°, il se serait d’abord consacré au commerce des esclaves d’après ses descendants.
Son fils Josiah Henry Doherty a construit la maison de Campos Square. Né à Lagos en 1866, il apprend le commerce en travaillant d’abord chez des commerçants, puis il se lance à son propre compte dans les années 1890. Ses fils seront éduqués, l’un en Angleterre, l’autre au Fourah Bay College en Sierra Leone.
La maison de Theophilus Adebaya Doherty, son fils éduqué en Angleterre, avocat à Lagos, a été construite en 1925.
La famille Macaulay
Originaire de Sierra Leone, cette famille installée à Lagos s’est illustrée dans diverses activités, commerciales, religieuses et éducatives. En effet la première école secondaire du Nigeria fut fondée par cette famille. Herbert Macaulay fit bâtir dans le quartier brésilien de Lagos Island une maison à deux étages et est reconnu comme un grand nationaliste.
5 – Les autres esclaves affranchis
Si la majorité des esclaves affranchis sont originaires du Brésil et de Sierra Leone, il existe néanmoins d’autres origines d’exil.
La famille Vaughan
J.C. Vaughan, citoyen américain, originaire de Camden en Caroline du Sud établit un commerce à Lagos en 1873 et fut un des piliers de l’église Baptiste de Lagos. Ce commerce sera repris par son fils en 1893, J. W. né en 1866 à Abeokuta.
6 – Les colons et fonctionnaires coloniaux
La famille Rhodes
La maison Monte Cristo à Aneho a été construite dans les années 1920-30 par le père de l’actuel propriétaire. Magistrat ayant fait ses études à l’étranger, il construisit cette maison d’un modèle tout à fait original. D’après les descendants de cette famille, le fondateur serait Cecil Rhodes, fondateur de la colonie du Cap en Afrique du Sud. Lors de ses différents voyages en Afrique qu’il entreprit dès l’âge de 17 ans, il se serait d’abord arrêté à Aneho où il aurait fondé une famille. Cette famille est également associée à la famille Rhodes de Lagos.
La famille Béraud
La famille Béraud de Porto Novo est probablement une des familles les plus caractéristiques des métissages et des relations établies entre les différents groupes culturels présents sur la Côte des Esclaves.
L’occupante actuelle de la maison est fille d’Achille Béraud, commerçant de Ouidah, fils de Médard Béraud, consul de France à Ouidah et d’Antoinette Brun, mulâtresse. Son père Achille Béraud fit ses études au King’s College de Lagos et épousa Candida de Meideros, fille de Francisca de Souza, (elle-même fille de Francisco Felix de Souza) et de Francisco José de Meideros (capitaine de bateau portugais dont les activités étaient la traite négrière et le commerce de l’huile de palme avec Cuba et le Sud des Etats Unis).
Lors de la conquête d’Abomey, Achille Béraud est enrôlé dans l’armée française et protège Porto Novo de l’avancée des Aboméens sur la ville. En signe de reconnaissance, Toffa, lui offre une maison de plain pied de style afro-brésilien dans la ville et lui demande de s’installer à Porto Novo.
7 – Les natifs
La famille Migan
Le Migan est conseiller du roi de Porto Novo, chargé de faire respecter les ordres et assume également la mission de bourreau. La famille Migan a établi plusieurs maisons de commerce et d’habitation à Porto Novo. Les notables du royaume participaient aux activités commerciales des cités côtières.
La famille Akerele
Installée à Lagos, la famille Akerele est issue de la famille royale d’Oyo, particulièrement du « Chief Balogun » d’Oyo, troisième commandeur du royaume. Les Lisas de Lagos (chef des chefs de Lagos) sont choisis dans cette famille. L’actuel Lisa de Lagos est Babs Akerele. La famille a également établi des liens matrimoniaux avec la famille Perreira d’origine afro-brésilienne, et la famille Wilson d’origine Sierra-Léonaise.
La famille Tinubu
Très représentative de la société et de l’histoire de Lagos, le personnage central de cette famille est probablement Mme Tinubu, grande commerçante d’esclaves originaire d’Abeokuta. Citée par le Père Borghero comme la “ reine d’Abeokuta ”, expulsée de Lagos par le consul anglais Benjamin Campbell en raison de ses activités de traite, elle devint pour les lagosiens, le symbole de la résistance à la colonisation anglaise. Par ailleurs, les origines métissées de cette famille reflètent les relations établies entre les différentes communautés, sur la base d’une coopération et entente commerciale. En effet, la famille est alliée aux Alakija, esclave affranchi revenu du Brésil, aux Assumpçao et enfin aux King, originaire de Sierra Leone et commerçant à Lagos.
La famille Ajavon
Originaire d’Aneho, l’ascendance remonte à Ayi Manko, comme les d’Almeida d’Aneho. Les deux familles sont deux lignées d’Ayi Manko. Ayi Ajavon a vécu à Aneho après un passage à Ouidah, où se sont installés certains de ses fils. La famille Ajavon a fait construire plusieurs maisons de commerce à Ouidah et à Grand Popo.
8 – Le cas de Badagry
Décrite par les frères Lander en 1832 et en 1846 par Allen, Badagry se divisait en quatre districts : le district anglais, le district français, le district allemand et le district portugais. Actuellement il ne reste aucune trace d’une occupation européenne cependant l’étude des maisons afro-brésiliennes se révèle très intéressante pour définir les installations successives dans la cité.
L’Akran de Badagry
Roi de Badagry, l’Akran est originaire de l’Ouémé. Les descendants conservent les reliques du roi Aquanou, cabecère portugais, ainsi que des fers d’esclaves. La présence de ce bâton de cabeceire à pommeau d’argent décoré de fleurs de lys portant l’inscription « cabeicera portuguez Badagry » confirme les écrits des frères Lander quant aux relations privilégiées entretenues par les différents chefs coutumiers et les nations étrangères pratiquant le commerce sur la côte.
Le Possu
Chef coutumier, « Possu » signifie panthère mâle et évoque la lignée « Aja Tado ». Le Possu est un représentant du royaume d’Abomey. Egalement lié à la traite négrière, le Possu conserve les insignes royaux d’Abomey. Plusieurs maisons de style afro-brésilien appartenant à la famille ont été construites à Badagry dont le Wheta Palace of the Possu of Badagry.
Les Mobee
Autre chef coutumier, la lignée a été fondée par Boe, venu de Ouidah au XVIII°. Les descendants ont fondé un musée de l’esclavage avec les reliques familiales. Par ailleurs le chef Sunbu signa avec les anglais le traité de cessation de la traite négrière au milieu du XIX° siècle. La famille possède également plusieurs maisons de style afro-brésilien à Badagry.
Alafia
Significatif des dernières migrations sur Badagry, Alafia de son vrai nom Subaru est originaire d’Oyo. Il s’installe d’abord comme tailleur à Badagry puis se livre au commerce des dérivés de palme. Le peuplement yoruba de Badagry semble plutôt lié aux nouvelles activités commerciales introduites par la colonisation et semble tardif, du XIX° jusqu’au milieu du XX°. On assiste au même phénomène à Porto Novo.
Sources diverses: